mardi 16 juin 2015

Ah! Que la préhistoire est aride

Après le temps des grottes est venu pour moi celui des musées, centre d'interprétation et autre réplique. Il a démarré par un passage éclair au Pôle international de préhistoire, aux Eyzies-de-Tayac. Je n'ai pas compris l'intérêt de ce lieu pour le public.

Quelques éléments d'histoire de l'homme ; un comparatif Homo sapiens / Neandertal, avec des reconstitutions "dermoplastiques" par Elisabeth Daynes (dont le travail est décidément omniprésent dans la région) ; un petit film sur les évolutions climatiques aux Eyzies-de-Tayac depuis 450 000 ans. Rien qui n'ait aussi sa place au Musée national de préhistoire installé à quelques centaines de mètres.

Il semble qu'il y ait dans cet espace des expositions temporaires de petite taille. Une exposition de photographies était en cours de montage. Je n'ai pas réellement pu voir l'exposition sur "Lascaux 4" installée au niveau inférieur, celui-ci étant occupé par une rencontre de Pôle Emploi. Mais ce n'est pas grave, j'aurai l'occasion d'y revenir dans les prochaines semaines.

Il y a aussi un centre de documentation fort bien fourni. Mais à qui sert-il? Pas au touriste de passage en tous cas.

Ensuite, direction Musée national de préhistoire. Il a été entièrement refait il y a un peu plus de dix ans, et est installé dans un bâtiment moderne accolé à l'ancien château. Celui-ci abritait, depuis les années 1910, des collections d'objets et d'ossements retrouvés dans la région, à l'initiative de l'instituteur des Eyzies (et préhistorien) Denis Peyrony.

L'exposition a un souci pédagogique indéniable. On commence aux origines de l'homme, accueillis par les restes de Lucy, Australopithecus afarensis, à côté d'un mur qui présente la situation dans le temps de la plupart des espèces d'hominidés connus. Le pari des muséographes est sans doute d'accrocher l'intérêt du public sur un fossile archi connu. J'ai quand même été étonné de ne pas trouver quelque part le crâne de Toumaï.

On passe ensuite sur la piste de Laetoli, traces de pas laissés, là encore, par des Australopithecus afarensis (si, après ça, le visiteur n'est pas convaincu que ce sont nos ancêtres!). Et en remontant un large escalier en colimaçon, on rencontre les outils de Lokalalei, au Kenya, datés de 2,4 millions d'années, les fossiles de Dmanisi (les premiers européens connus), et un certain nombre de coupes stratigraphiques régionales, sans commentaires. Devant les outils de Lokalalei, je me suis dit que décidément, les archéologues compliquent la vie des responsables de musée : les plus anciens outils sont maintenant datés de 3,4 millions d'années. Il faudrait, en toute rigueur, modifier l'exposition. Mais jusqu'à quand?

Le musée nous conduit ensuite à travers le Paléolithique, avec une exposition en trois mouvement. Une immense vitrine, qui s'étend sur tout l'étage, tente de faire ressentir la longue chronologie, la succession des différentes faunes et des différentes cultures dans la région, en présentant quantité de pièces trouvées dans les fouilles. Une suite de vitrines plus petites présente d'une part les outils caractéristiques de ces différentes cultures, et quelques sites significatifs (notamment des sépultures d'enfants neandertaliens). Et une série de niches permettent de voir des video présentant des reconstitutions les gestes réalisés par ces hommes dans leurs activités quotidiennes.

Le second étage est moins fourni. Au sol, on marche sur des vitres recouvrant des moulages de sites. Et les vitrines sont plutôt consacrées à l'art mobilier. On termine, sur la terrasse, à côté d'une statue de Cro-Magnon, en regardant avec celle-ci le confluent de la Vézère et de la Beune. Et de cette position, on comprend bien pourquoi des hommes ont fréquenté ce site depuis plus De 400 000 ans : la vue sur la plaine devait permettre de vori arriver le gibier. Et, à peu près à mi-falaise, on est à l'abri des inondations.

En parcourant ce musée, qui présente des centaines de pierres taillées et d'ossements d'animaux, on saisit combien il est aride de faire de la préhistoire. Avant de nous raconter toutes les belles histoires qui nous font rêver et nous instruisent sur la vie de nos ancêtres, que d'heures passées à fouiller très précisément des mètres cubes de terre! Que d'heures passées à essayer de comprendre l'organisation d'un site, où le profane ne voir que des cailloux répandus, avec éventuellement des changements de couleur par endroits.

Car dans ces vitrines qui présentent autant d'outils, j'avoue avoir bien du mal à reconnaître la typologie de nombre d'entre eux. Pourquoi un "grattoir" est-il nommé ainsi? En quoi est-il "denticulé"? Le touriste de passage doit se sentir un peu perdu devant tant de technicité nécessaire.


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