J'ai bien mieux commencé ma deuxième
journée périgourdine que la première. Instruit par l'attente de la veille à Font-de-Gaume, j'avais pris de l'avance et je suis arrivé
vers 9h15 devant l'entrée de la grotte de Rouffignac, qui ouvre à
10h en cette saison. Après un tour complet jusqu'au bout de
l'impasse, je suis revenu sagement me garer dans un parking vide et
j'ai redescendu à pieds les quelques dizaines de mètres qui me
séparaient de l'entrée. J'ai attendu tranquillement, bientôt rejoint par
un couple d'allemands, originaire d'Ulm, avec lesquels j'ai parlé de
Blaubeuren et des statuettes paléolithiques des grottes du
Vogelherd, de Geissenklösterle et de Hohle Fels situées dans les environs (et dont la plupart sont au musée de Tübingen).
A 10h, pas de chance, un car scolaire arrive, et ses jeunes passagers
passent devant tout le monde : il faudra attendre la visite de 10h20.
Rien de grave, car il fait beau, plutôt chaud même devant la
grotte, et les groupes sont assez nombreux (20 à 25 personnes) :
nous nous déplacerons en train dans la grotte. Une série de
panneaux sous le porche raconte quelques étapes clés de l'étude
des grottes ornées au début du XXe siècle, avec l'abbé Breuil en
vedette.
La grotte de Rouffignac est connue
depuis bien longtemps. Au XVIe siècle, un récit de voyageur
mentionne même la présence d'animaux sur les parois. Et au XVIIIe
ou XIXe siècles, des jésuites ont rampé jusqu'à une zone où le
plafond est merveilleusement décoré, et y ont apposé leur
monogramme : exorcisme? Ou action de grâce pour de si grandes
merveilles? On en le saura pas plus que les intentions des hommes
qui, il y a13 000 à 15 000 ans, sont venus graver et dessiner
signes, animaux et figures humaines dans les recoins les plus
inaccessibles.
Ce n'est qu'en 1956 que des
préhistoriens ont redécouvert ce site, et en ont identifié les
peintures comme préhistoriques. L'incontournable abbé Breuil était
encore de la partie.
La grotte est une propriété privée.
Les propriétaires ont, je l'ai écrit, fait installer un petit
train, électrique, pour permettre la visite. La taille imposante des
galeries a permis d'éviter de trop grandes modifications. Toutefois,
à l'extrémité du parcours, une tranchée a été pratiquée, et on
tient largement debout sous le plafond décoré (celui orné aussi
par les jésuites), alors que ceux qui ont réalisés les figures
devaient progresser au mieux à quatre pattes, et ont réalisé leur
travail couchés sur le dos, en levant simplement les bras. Le guide
nous fait remarquer un très grand cheval, que son dessinateur
lui-même n'a jamais vu en entier.
Bien sûr, Rouffignac est « la
grotte aux mammouths » (160 selon le dernier comptage), et on voit donc des
mammouths. Plus ou moins réalistes ou stylisés ; des jeunes et des
vieux ; des mâles bien identifiables, et des femelles probables. En
plusieurs endroits, ces mammouths forment des compositions : deux
mammouths affrontés, à plusieurs reprise ; une frise de dix
mammouths formant deux groupes en sens inverse. On voit aussi des bisons, des chevaux, des rhinocéros.
J'étais un peu inquiet au démarrage
du côté « petit train touristique » de la visite.
D'autant que le guide parle, de l'arrière du train où il pilote,
dans un micro. Mais il s'avère que le dispositif est bien adapté à
la grotte. Un peu en hauteur, on voit mieux les représentations. Et
pour admirer le plafond, on descend du train. Le guide, lui, était
disponible aux questions, et assez compétent.
Cinq étoiles pour Rouffignac!
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