lundi 15 juin 2015

Rouffignac


J'ai bien mieux commencé ma deuxième journée périgourdine que la première. Instruit par l'attente de la veille à Font-de-Gaume, j'avais pris de l'avance et je suis arrivé vers 9h15 devant l'entrée de la grotte de Rouffignac, qui ouvre à 10h en cette saison. Après un tour complet jusqu'au bout de l'impasse, je suis revenu sagement me garer dans un parking vide et j'ai redescendu à pieds les quelques dizaines de mètres qui me séparaient de l'entrée. J'ai attendu tranquillement, bientôt rejoint par un couple d'allemands, originaire d'Ulm, avec lesquels j'ai parlé de Blaubeuren et des statuettes paléolithiques des grottes du Vogelherd, de Geissenklösterle et de Hohle Fels situées dans les environs (et dont la plupart sont au musée de Tübingen).

A 10h, pas de chance, un car scolaire arrive, et ses jeunes passagers passent devant tout le monde : il faudra attendre la visite de 10h20. Rien de grave, car il fait beau, plutôt chaud même devant la grotte, et les groupes sont assez nombreux (20 à 25 personnes) : nous nous déplacerons en train dans la grotte. Une série de panneaux sous le porche raconte quelques étapes clés de l'étude des grottes ornées au début du XXe siècle, avec l'abbé Breuil en vedette.

La grotte de Rouffignac est connue depuis bien longtemps. Au XVIe siècle, un récit de voyageur mentionne même la présence d'animaux sur les parois. Et au XVIIIe ou XIXe siècles, des jésuites ont rampé jusqu'à une zone où le plafond est merveilleusement décoré, et y ont apposé leur monogramme : exorcisme? Ou action de grâce pour de si grandes merveilles? On en le saura pas plus que les intentions des hommes qui, il y a13 000 à 15 000 ans, sont venus graver et dessiner signes, animaux et figures humaines dans les recoins les plus inaccessibles.

Ce n'est qu'en 1956 que des préhistoriens ont redécouvert ce site, et en ont identifié les peintures comme préhistoriques. L'incontournable abbé Breuil était encore de la partie.
La grotte est une propriété privée. Les propriétaires ont, je l'ai écrit, fait installer un petit train, électrique, pour permettre la visite. La taille imposante des galeries a permis d'éviter de trop grandes modifications. Toutefois, à l'extrémité du parcours, une tranchée a été pratiquée, et on tient largement debout sous le plafond décoré (celui orné aussi par les jésuites), alors que ceux qui ont réalisés les figures devaient progresser au mieux à quatre pattes, et ont réalisé leur travail couchés sur le dos, en levant simplement les bras. Le guide nous fait remarquer un très grand cheval, que son dessinateur lui-même n'a jamais vu en entier.

Bien sûr, Rouffignac est « la grotte aux mammouths » (160 selon le dernier comptage), et on voit donc des mammouths. Plus ou moins réalistes ou stylisés ; des jeunes et des vieux ; des mâles bien identifiables, et des femelles probables. En plusieurs endroits, ces mammouths forment des compositions : deux mammouths affrontés, à plusieurs reprise ; une frise de dix mammouths formant deux groupes en sens inverse. On voit aussi des bisons, des chevaux, des rhinocéros.
J'étais un peu inquiet au démarrage du côté « petit train touristique » de la visite. D'autant que le guide parle, de l'arrière du train où il pilote, dans un micro. Mais il s'avère que le dispositif est bien adapté à la grotte. Un peu en hauteur, on voit mieux les représentations. Et pour admirer le plafond, on descend du train. Le guide, lui, était disponible aux questions, et assez compétent.

Cinq étoiles pour Rouffignac!

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