J'ai dormi à Marquay, et l'hôtelier
m'avait suggéré de partir vers 8h30 pour aller faire la queue un
peu en avance au guichet de la grotte de Font-de-Gaume, aux
Eyzies-de-Tayac, qui ouvre à 9h30. Il avait raison. Après une bon
quart d'heure de route sous la pluie, je suis arrivé sur la parking
du site. Devant la vieille baraque en bois qui sert de billetterie et
de librairie (pour les toilettes, montez les 400 mètres vers la
grotte!), une bonne trentaine de personnes se pressaient déjà, qui
sous les très maigres auvents, qui sous des parapluies. Bien
entendu, je n'avais rien prévu de ce point de vue, et j'ai donc
patienté une bonne heure sous une pluie d'intensité variable.
L'une des employées du site à
laquelle j'ai posé la question m'a expliqué qu'effectivement, ils
demandaient depuis plusieurs années la construction d'un auvent.
Elle a reconnu aussi en souriant que la billetterie pourrait
elle-même être classée monument historique. Et qu'un système de
réservation par Internet ne serait pas de refus : il arrive parfois
que des touristes mécontents de la façon dont se déroule la queue
en viennent aux mains.
Heureusement, j'ai bénéficié de
l'une des 52 entrées mises en vente quotidiennement pour visiter la
grotte de Font-de-Gaume. J'en ai profité pour réserver aussi les
visites de l'abri du Cap Blanc et de la grotte des Combarelles (30
personnes par jour seulement, mais c'est moins demandé). Je parlerai
de ces deux sites dans d'autres posts.
Une vingtaine de minutes avant le début
prévu pour ma visite, j'ai entrepris la petite ascension vers
l'entrée de la grotte. Les 400 mètres de sentier sont bien
aménagés, avec même des bancs le long du chemin (mais vu
l'humidité ambiante, personne de les a utilisés aujourd'hui). Et je
suis arrivé devant l'entrée.
Après tous ces efforts, une demi-heure
de visite, c'était vraiment court. D'autant que le nombre de
visiteurs par groupe, même réduit à 13, l'éclairage ambiant de la
grotte, assez important, et l'aménagement de celle-ci (marches, sol
égalisé) n'aident pas vraiment à se plonger dans l'ambiance qui
devait y régner au Paléolithique. J'avais pourtant gardé une vive
impression de m'être trouvé un bref instant dans l'obscurité, à la
faveur d'un passage étroit, lors d'une précédente visite en 1982
(autant dire pendant la préhistoire!).
Mais sans doute suis-je un peu
exigeant. Et bien entendu, la taille réduite de la cavité, et la
dégradation assez sévère de la plupart des peintures, incitent les
conservateurs à la prudence. Non seulement le nombre de visiteurs
quotidien est limité, mais aussi leur temps de présence dans la
grotte.
Alors, que voit-on en visitant
Font-de-Gaume? Des bisons, et même des défilés de bisons. Certains
sont juste tracés, d'autres complètement peints. Les plus beaux
sont sans doute ceux qui ont été recouverts pendant des millénaires
par une couche de calcite. A la fin des années 1960, nous dit la
guide, les archéologues ont enlevé la calcite, avec un marteau en
plastique. Le peintures ainsi dégagées sont de loin les plus
fraîches en apparence. Comme à Arcy-sur-Cure, il faudrait peut-être
aujourd'hui venir avec des fraises de dentiste pour dégager encore
d'autres figures.
On voit aussi des rennes, en
particulier une scène où un renne noir lèche le front d'un renne
rouge. Les gravures qui accompagnaient les peintures (sous-jacentes,
destinées à rehausser les traits, comme à certains endroits à
Pont d'Arc? La guide ne sait pas) permettent de voir un peu ces
figures, surtout le renne rouge en partie effacé. On voir enfin des
tectiformes, mystérieux signes dont l'abbé Breuil pensait que
c'étaient des toits de huttes, mais qui pourraient tout aussi bien
représenter des flèches, ou plein d'autres choses (la marque de
reconnaissance d'une « tribu », une indication
géographique, un code pour la recette du foie gras aux cèpes, on ne sait vraiment pas).
L'ensemble est daté du magdalénien,
pour des raisons stylistiques. Les peintures sont exclusivement à
base de pigments minéraux, et donc le carbone 14 ne peut rien. Et la
calcite est trop récente (environ 10 000 ans) pour donner des
indications utiles.
Au final, la guide nous renvoie vers le site Web consacré à Font-de-Gaume, qui propose en particulier une
visite virtuelle. Avec un écran assez grand, pourquoi pas. On peut
aussi lire le seul livre disponible consacré à la grotte, publié
l'an dernier par Jean-Jacques Cleyet-Merle aux Editions du
Patrimoine.
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