jeudi 11 juin 2015

Font-de-Gaume


J'ai dormi à Marquay, et l'hôtelier m'avait suggéré de partir vers 8h30 pour aller faire la queue un peu en avance au guichet de la grotte de Font-de-Gaume, aux Eyzies-de-Tayac, qui ouvre à 9h30. Il avait raison. Après une bon quart d'heure de route sous la pluie, je suis arrivé sur la parking du site. Devant la vieille baraque en bois qui sert de billetterie et de librairie (pour les toilettes, montez les 400 mètres vers la grotte!), une bonne trentaine de personnes se pressaient déjà, qui sous les très maigres auvents, qui sous des parapluies. Bien entendu, je n'avais rien prévu de ce point de vue, et j'ai donc patienté une bonne heure sous une pluie d'intensité variable.


L'une des employées du site à laquelle j'ai posé la question m'a expliqué qu'effectivement, ils demandaient depuis plusieurs années la construction d'un auvent. Elle a reconnu aussi en souriant que la billetterie pourrait elle-même être classée monument historique. Et qu'un système de réservation par Internet ne serait pas de refus : il arrive parfois que des touristes mécontents de la façon dont se déroule la queue en viennent aux mains.
Heureusement, j'ai bénéficié de l'une des 52 entrées mises en vente quotidiennement pour visiter la grotte de Font-de-Gaume. J'en ai profité pour réserver aussi les visites de l'abri du Cap Blanc et de la grotte des Combarelles (30 personnes par jour seulement, mais c'est moins demandé). Je parlerai de ces deux sites dans d'autres posts.
Une vingtaine de minutes avant le début prévu pour ma visite, j'ai entrepris la petite ascension vers l'entrée de la grotte. Les 400 mètres de sentier sont bien aménagés, avec même des bancs le long du chemin (mais vu l'humidité ambiante, personne de les a utilisés aujourd'hui). Et je suis arrivé devant l'entrée.


Après tous ces efforts, une demi-heure de visite, c'était vraiment court. D'autant que le nombre de visiteurs par groupe, même réduit à 13, l'éclairage ambiant de la grotte, assez important, et l'aménagement de celle-ci (marches, sol égalisé) n'aident pas vraiment à se plonger dans l'ambiance qui devait y régner au Paléolithique. J'avais pourtant gardé une vive impression de m'être trouvé un bref instant dans l'obscurité, à la faveur d'un passage étroit, lors d'une précédente visite en 1982 (autant dire pendant la préhistoire!).
Mais sans doute suis-je un peu exigeant. Et bien entendu, la taille réduite de la cavité, et la dégradation assez sévère de la plupart des peintures, incitent les conservateurs à la prudence. Non seulement le nombre de visiteurs quotidien est limité, mais aussi leur temps de présence dans la grotte.
Alors, que voit-on en visitant Font-de-Gaume? Des bisons, et même des défilés de bisons. Certains sont juste tracés, d'autres complètement peints. Les plus beaux sont sans doute ceux qui ont été recouverts pendant des millénaires par une couche de calcite. A la fin des années 1960, nous dit la guide, les archéologues ont enlevé la calcite, avec un marteau en plastique. Le peintures ainsi dégagées sont de loin les plus fraîches en apparence. Comme à Arcy-sur-Cure, il faudrait peut-être aujourd'hui venir avec des fraises de dentiste pour dégager encore d'autres figures.
On voit aussi des rennes, en particulier une scène où un renne noir lèche le front d'un renne rouge. Les gravures qui accompagnaient les peintures (sous-jacentes, destinées à rehausser les traits, comme à certains endroits à Pont d'Arc? La guide ne sait pas) permettent de voir un peu ces figures, surtout le renne rouge en partie effacé. On voir enfin des tectiformes, mystérieux signes dont l'abbé Breuil pensait que c'étaient des toits de huttes, mais qui pourraient tout aussi bien représenter des flèches, ou plein d'autres choses (la marque de reconnaissance d'une « tribu », une indication géographique, un code pour la recette du foie gras aux cèpes, on ne sait vraiment pas).
L'ensemble est daté du magdalénien, pour des raisons stylistiques. Les peintures sont exclusivement à base de pigments minéraux, et donc le carbone 14 ne peut rien. Et la calcite est trop récente (environ 10 000 ans) pour donner des indications utiles.
Au final, la guide nous renvoie vers le site Web consacré à Font-de-Gaume, qui propose en particulier une visite virtuelle. Avec un écran assez grand, pourquoi pas. On peut aussi lire le seul livre disponible consacré à la grotte, publié l'an dernier par Jean-Jacques Cleyet-Merle aux Editions du Patrimoine.

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